Faut-il
vraiment craindre l’effondrement des édifices qui accueillent les piscines N°3 et N°4 à Fukushima-Daïchii ? Non que ces bâtisses instables et écorchées
ne soient sur le point de s’effondrer mais parce qu’il importe en fait peu si
elles s’effondrent, et elles le feront, ou non. La catastrophe a déjà eu lieu.
Selon
rien de moins que la NRC ces masures décapitées seraient en réalité vides de
déchets atomiques, ou presque, depuis belle lurette. Le contenu de leurs
piscines de suite sans murs ou sans étanchéité, sans refroidissement, sans eau,
critiques, en feu et en fonte comme neige au soleil levant serait parti en l’air, entier pour la 4, au
moins à moitié pour la 3 et à un quart pour l’unité 2 (réacteur et piscine),
notamment lors des explosions pour aller se nicher dans bien des poumons
négationnistes haut placés. C’est en tout cas bien ce que la commission
nucléaire américaine avance dans son scénario catastrophé qui va même au-delà
de l’AIPRI qui à défaut de satellites, avions renifleurs, images infrarouge,
radars météo et autres diableries high-tech de mesure se bornait à pointer un
modeste lâcher d’effluents à Fukushima égal au fallout atomique militaire
mondial de fission (190 Mt) et, pour fixer un repère radiologique, qui s’en
tenait à une montée aux cieux de un peu moins de 390 kg de Césium 137. (Topcon dit
4,7 kg.) Bardée de contacts directs avec
le Japon, d’instruments d’analyse et de brain storming la NRC va un peu plus
loin dans le dead end : 1,4 fois les « essais » atomiques de
fission soit de facto 508 kg de Cs137
seraient allés dès 2011 en « excursion aérienne » à Fukushima (20000
Hiroshima, 20 Tchernobyl[1]).
Inquiète elle « repère » plus de 400 tonnes de substance noire volage, qu’elle renomme ailleurs « perte
d’inventaire » dans sa bienséante litote destinée aux mortels, contenant
entre autre, physique oblige, au moins 2 tonnes de plutonium 239 et avance,
sans piper mot of course, qu’un équivalent ICRP de 593 milliards de doses
létales potentielles par inhalation et de longue durée et 37 milliards de doses
létales par ingestion (les poissons pacifiques les apprécient merci) a là filé à la japonaise à Fukushima-Daïchii.
La NRC
aurait-elle tout faux (ce qui nous satisferait au plus haut point) ? Adressez-vous à la NRC. Avez-vous personnellement visionné
les « piscines » 2, 3 et 4 garantissant que leurs cloisons sont
intactes et que tout le combustible est là intègre ? Montrez les preuves (que
vous soyez encore vivant en serait une). Vous préférez les
négationnistes ? Lisez la presse. Mais en attendant priez. L’apocalypse
c’était hier et non demain. On baigne dedans depuis plus de deux ans et demi
même s’il faudra attendre que les édifices ne s’affaissent brutalement avant qu’on
ne nous le fasse savoir.
***
Les choses tiennent en peu
de mots. Les voici. (D’autres sont ici -que "Hatrick Penry" qui a débusqué à nouveau le lièvre soit remercié-, ici ou ici consultables). La suite, simple
réécriture du même, suit logiquement.
A Fukushima, selon la NRC,
118 tonnes de carburant actif irradié autour de 25 GwJ/t (dont 94 tonnes en
maintenance et au repos depuis 3 mois dans la piscine de refroidissement n°4)
et 298 tonnes de carburant éteint comburé à 42 GwJ/t pour un total de 416 tonnes (carburant neuf non compris) auraient été
catapultées dans l'atmosphère : 358 millions de Curie longue vie. Pas
moins de 2 tonnes de plutonium 239, presque autant d’uranium 236, 73 kg de
plutonium 238 (140 milliards de doses létales potentielles), 944 kg de plutonium 240, 360 kg de plutonium
241, 85 kg de plutonium 242, 191 kg d’Américium 241 (190 milliards de
doses létales potentielles), 8,5 kg de Curium 244 (127 milliards de doses létales
potentielles), 229 kg de Sr90, 508 kg de Cs137, etc. se seraient ainsi
éparpillés dans l'air. A elle seule la piscine N°4
aurait libéré dans l'atmosphère 323 tonnes de
combustible si, comme le suppose la NRC,
100% de son contenu s'est volatilisé.
Pour mémoire signalons que l’unité
2 contenait 94 tonnes de carburant dans le réacteur et dans sa piscine 101 tonnes de carburant
éteint plus 5 tonnes de carburant neuf. Que la piscine N°3 détenait
88 tonnes de combustible éteint et 9 tonnes de combustible neuf, que la piscine
N°4 abritait 229 tonnes de carburant éteint, 94 tonnes de carburant « réacteur »
et 35 tonnes de carburant neuf.
(NB. Que qui souhaite recevoir la table excel de l’activité et
de la masse des produits principaux contenus dans ces scories nous laisse
son email qui ne sera pas publié.)
POST SCRIPTUM. POURQUOI AUCUNE IMAGE DE L'EXPLOSION DE L'EDIFICE N°4 NE COMPARAIT-ELLE NULLE PART ?
[1] Hiroshima : 25,2 gr
de Cs137 produits pour 13 kt, environ 3,6% de la masse fissionnée de
l’engin. Tchernobyl : environ 25 kg de Cs137 relâchés sur les
82 kg et quelque contenus dans le réacteur. Quand aux 2 tonnes de plutonium, il y avait là de quoi fabriquer, à 6 kg la pièce, 333 Nagasaki.